Arago Legend épisode 1 : Nicolas Mendez

Nicolas Mendez est probablement le plus sétois des argentins. Ses quatre saisons à l’Arago auront été marquantes pour lui à titre individuel comme pour le public du Barrou dont il devint rapidement l’un des joueurs favoris.

 

Arrivé complètement inconnu d’Argentine sans expérience dans les championnat européens, Nicolas Mendez, qui venait potentiellement comme un joueur de banc, s’est rapidement fait une place de titulaire dans le 6 de départ de Patrick Duflos jusqu’à devenir l’une des éléments de base de l’exceptionnelle équipe de 2015/2016 qui remportera la saison régulière.

 

La courbe de progression du natif de Buenos Aires sous le maillot sétois a tout simplement impressionnante. Doté d’un gabarit moyen (1m91), mais doté d’une bonne base technique notamment en réception, il s’est développé physiquement au cours des saisons, mais a surtout su utiliser une exceptionnelle intelligence de jeu qui s’est bonifiée avec l’expérience.

 

Il a su se transformer de joueur d’appoint offensif en poste 4 en une option d’attaque redoutable mêlant agressivité, finesse et ruse.

 

Sa combativité sur le terrain et sa gentillesse en dehors ont rapidement séduit le public sétois avec qui il a gardé des liens plusieurs années après son départ du club.

 

Dans cette interview exceptionnelle nous revenons sur les moments clefs de son parcours à l’Arago et cette médaille olympique conquise avec l’albiceleste aux JO de Tokyo de 2021.

Bonjour Nicolas, nous allons parler de ton passage à l’Arago, mais on va commencer par le début, peux-tu nous raconter ta venue à l’Arago. Comment cela s’est fait ?

 

J’étais en Argentine où j’avais déjà joué 5 saisons au plus haut niveau et je voulais changer pour trouver un niveau plus compétitif et donc aller en Europe.

Aussi avec mon agent, s’est présentée l’opportunité d’aller à l’Arago et j’ai accepté l’offre. Je savais que cela allait être une expérience importante et difficile à la fois car je n’avais que 20 ans et c’était la première fois que je quittais l’Argentine. Mais j’avais une grosse envie de jouer de devenir un joueur important à l’Arago. Pour y parvenir j’ai, à chaque instant, donné le meilleur de moi-même.

Finalement j’ai joué quatre saisons à l’Arago. Je ne savais pas que j’allais y rester si longtemps mais cela fût une très très belle période.

 

Tu n’avais signé qu’une saison ?

 

Oui je n’avais signé qu’un an.

 

Tu avais eu d’autres propositions de clubs.

 

J’avais eu une offre de Lausanne mais j’avais choisi l’Arago car le championnat de France est un championnat compétitif et je voulais évoluer dans un championnat plus fort que le championnat argentin.

Par ailleurs, j’ai toujours suivi le championnat de Franc depuis que j’étais jeune et donc de pouvoir y jouer était forcément une belle opportunité donc je n’ai pas hésité à venir en France.

 

Quand tu es arrivé tu n’étais pas assuré d’une place de titulaire ?

 

Au début non, mais comme je t’ai dit j’avais cette volonté de devenir un joueur important pour l’équipe, donc ce ne fût qu’une question de temps. Ma première saison à l’Arago, je n’ai pas joué les deux premiers matchs, mais ensuite j’ai été dans le 6 de départ de toutes les rencontres.

J’ai vraiment fait de mon mieux et par chance Patrick Duflos et Fabien Dugrip m’ont fait confiance pour devenir un joueur titulaire.

 

Ce qui a marqué les observateurs sur ton passage à l’Arago c’est cette progression importante que tu as eu durant toutes ces années. A la fin de ta dernière saison à l’Arago tu n’étais plus vraiment le même joueur. Tu avais conservé cette qualité naturelle en réception, mais tu étais plus fort offensivement, tu servais plus agressivement. Tu étais beaucoup plus complet. Comment tu as vécu cette évolution ?

 

Sans aucun doute. Le fait d’évoluer en Ligue A mais aussi en coupe d’Europe m’a fait progresser techniquement, mais également je suis arrivé tout jeune et j’ai gagné en expérience.

Tu as évoqué le championnat et la coupe d’Europe, justement est-ce qu’il y a des matchs qui t’ont particulièrement marqué ?

 

Je crois que les play-offs de la saison 2015-2016 sont un souvenir marquant. Pour revenir un peu en arrière, je me souviens que la demie finale de Challenge cup de la CEV contre Vérone et notamment le match aller que nous perdons de justesse 2-3 à Vérone et le retour au Barrou perdu également 3-2.

Même si nous avions raté de peu la qualification, ce fût deux très grands matchs.

Mais la rencontre qui m’a le plus marqué c’est la demie finale de 2016 contre Ajaccio que nous avions gagné 3-1. Je me rappelle avoir marqué le dernier point du match, et mon papa était présent à cette rencontre . Au match retour à Ajaccio nous perdions 10-13 au tie break et nous l’avions finalement remporté 15-13. Ce souvenir fût l’un des plus beaux.

Sur la finale jouée à Paris, Paris avait été le plus fort sur ce match et méritait de gagner mais c’est dommage que la formule n’ait pas été sur deux matchs gagnants afin de savoir qui était vraiment la meilleure équipe…. D’ailleurs, cette formule sur match unique a été supprimée depuis…

 

Et parmi tes coéquipiers sétois, quels sont les joueurs qui t’ont marqué sur le plan amical ou sur leurs qualités de volleyeurs.

J’étais très ami avec Axel Truhtchev, c’est l’une des personnes dont j’ai été et je reste le plus proche parmi les coéquipiers que j’ai eu à l’Arago. Sur le plan sportif, ce fût super de jouer avec Guillermo Hernan à la passe, Facundo Imoff était vraiment un très très bon joueur, je réfléchis, Marien Moreau, aussi, c’était un gagneur comme moi et cela tirait l’équipe et je parlerai également de Thibault Rossard, on avait une belle complémentarité en réception.

Oui avec Nicolas et Thibault Rossard c’était une très belle ligne de réception.

Oui, c’était super de jouer avec eux. Nicolas était un peu plus âgé, mais avec Thibault nous avions le même âge et nous avions contribué à cette magnifique saison.

Et dans les souvenirs plus difficiles. Je me souviens de ton énervement après l’élimination contre Arch Bled Ljubljana au tour préliminaire de la Ligue des champions la saison suivante.

Oui (rire). J’étais vraiment déçu de cette élimination car je voulais vraiment disputer la Ligue des champions. Ici également nous n’avions pas eu de chance. Chaque saison les deux premiers du championnat étaient systématiquement qualifiés pour la phase de poule et cette saison, il nous a fallu passer par un tour préliminaire… Mais c’est le sport.

L’autre déception c’était cette saison là également ou pour un point nous avions raté les play-offs. Cela a été la seule saison avec l’Arago ou nous nous ne sommes pas qualifiés.

Au-delà de tes coéquipiers, je sais que la famille c’est très important pour toi. Parle nous de cette dimension notamment la relation avec ton père.

 

Pour moi la famille, c’est tout, et encore plus l’époque où j’étais à l’Arago car j’étais plus jeune, et forcènement cela me manquait un peu. Mais on comprenait tous que c’était ce que je voulais, et donc il fallait faire ce sacrifice.

Evidemment ils m’ont tous beaucoup soutenus d’un point de vue émotionnel mais également sportif car ce n’est pas facile pour un joueur professionnel d’être toujours stable émotionnellement. Je leur dois beaucoup et évidemment à mon père également qui est entraîneur de volley. On parle beaucoup de volley car on aime ça, mais il ne m’a jamais mis aucune pression et m’a toujours laissé faire ce que je voulais. Cela a été le volley mais cela aurait pu être autre chose, car plus jeune j’ai pratiqué différents sports, football, basket, mais ce qui me plaisait le plus c’était le volley.

Il m’a toujours aidé mais vraiment dans une logique d’échange, jamais sur une dimension de pression en disant tu dois faire ci ou ça.

 

En fait quand on en parle, c’est uniquement parce que cela nous plait d’en parler à nous deux, rien de plus.

Tu avais une relation particulière très forte avec le public et les supporters sétois.

 

C’est vrai toutes les saisons où j’ai joué au club, le public était incroyable avec moi. Même la dernière saison où les résultats étaient moins bons le public était là pour nous soutenir avec beaucoup de gentillesse. Les supporters étaient vraiment excellents, ils n’arrêtaient jamais de chanter aussi la relation avec eux a toujours était réciproque. J’ai toujours tout donné sur le terrain car, eux aussi, nous apportaient un appui inconditionnel. C’était une très belle relation.  On a partagé beaucoup de choses en dehors des matchs, je pense que c’est l’une des choses les plus fortes qui m’est restée de mon passage à l’Arago.

 

Et j’imagine que tu as aimé la ville de Sète.

 

Oui beaucoup, à moi à ma famille aux nombreux qui sont venus me voir. J’ai fait je ne sais pas combien de fois la visite des canaux en bateau. On faisait des visites en ville, le Mont Saint Clair.

 

Finalement tu es le plus sétois des argentins.

 

Je ne sais pas (rires) mais comme tu peux le remarquer, c’est une ville qui m’a beaucoup marqué et qui m’a offert beaucoup d’opportunités.

Et tu n’aurais pas envie, comme beaucoup d’anciens joueurs de l’Arago de revenir vivre à Sète après ta carrière ?

 

Si, j’y pense. Je suis en train de réfléchir à ce que je veux faire dans l’avenir, même si je vis actuellement dans un pays assez éloigné de l’Europe mais cela me plairait. Pour y vivre tout le temps, je ne sais pas, mais au moins y faire un investissement mais, pourquoi pas, effectivement revenir vivre à Sète ou à proximité de Sète.

Mais cela fait partie d’une réflexion plus globale avec ma femme sur ce que je vais faire notamment après ma carrière de joueur de volley.

 

 

Cela ne concerne pas directement l’Arago, mais je voudrais que tu nous parles des JO de Tokyo où tu as conquis la médaille de bronze avec ta sélection.

 

Ce sont les seuls jeux olympiques auxquels j’ai participé. C’était un peu particulier car c’était l’époque du Covid et il y avait des contraintes, on ne pouvait pas faire beaucoup de choses qui se font dans des jeux sans covid. Mais je l’ai vécu avec pas mal de stress, une quantité d’émotions incroyables, je crois les émotions sportives les plus fortes de ma carrière et cela s’est terminé pour cette 3eme place historique pour l’équipe d’Argentine avec mon père comme entraîneur, ce fût un rêve, quelque chose d’incroyable.

 

Est-ce que l’on peut considérer à la date d’aujourd’hui c’est le summum de ta carrière dans le volley ?

 

Oui, on peut le dire effectivement. C’est le maximum qu’un sportif puisse espérer.

Est-ce que c’est quelque chose auquel tu repenses régulièrement, tu regardes ta médaille ?

 

Juste après pas du tout, je me disais juste, c’est terminé et voilà mais maintenant avec le temps qui passe, oui je regarde les souvenirs et je me dis c’est quelque chose d’assez incroyable ce que nous avons accompli.

J’ai l’impression qu’à la fin de la compétition je n’étais pas vraiment conscient de ce que nous avions réalisé. Mais maintenant oui, je regarde régulièrement la médaille et les souvenirs

 

Je te laisse le mot de la conclusion

 

Je veux remercier Patrick Tourou qui m’a toujours accompagné, Pascal Miralles le manager de l’époque, Yvon et Simone qui ont été comme des parents pour moi ici à Sète et plus largement tous les supporters, merci du fond du cœur. Et évidemment merci à Patrick Duflos et Fabien Dugrip de m’avoir fait confiance sportivement et permis de porter le maillot de l’Arago.

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