Alain Bilicki, le Président de l’Arago de Sète, fait, sans détour, le bilan de la saison qui vient de s’écouler au niveau de l’équipe professionnelle et nous parle de ses ambitions et ses projets pour le club.
Président Bilicki, quel est votre bilan sportif de la saison 2021/2022 pour l’équipe professionnelle ?
Je tire un bilan mitigé de cette saison. Au niveau des résultats, nous sommes 5eme du championnat, demi-finalistes de la Coupe de France et qualifiés pour la Coupe d’Europe, mais j’ai le sentiment que l’on aurait pu faire mieux. Je pense que l’on avait une équipe capable d’aller plus haut. Durant la première partie de saison nous avons fait cette série de 10 victoires d’affilé, nous avons fait tomber au Barrou Tours, alors invaincu. Vraiment, je crois qu’il y avait un potentiel pour faire mieux que cette 5eme place.
Parmi les moments marquants de la saison en dehors du sportif, il y a eu cette annonce du départ de Patrick Duflos.
Oui, cela a été une décision très difficile à prendre avec mon vice-président Alain Le Gall.
Sur la forme, et par respect pour lui, nous avons fait le choix d’annoncer à Patrick Duflos que nous ne renouvellerions pas son contrat dès le mois de janvier, afin de lui permettre de retrouver un club dans les meilleures conditions.
C’est vrai que l’équipe était seconde à ce moment-là, ce qui a pu effectivement donner l’impression que cette décision était paradoxale, mais le moment choisi était avant tout guidé par cette volonté d’être correct et humain avec lui.
Nous avons décidé de travailler avec Luc Marquet, qui possède, selon moi, le profil idéal par rapport au projet que nous souhaitons mettre en place pour le club.
Pour en revenir à Patrick, c’est un excellent entraîneur, il n’y a pas de discussion à avoir là-dessus, je suis vraiment heureux qu’il ait pu signer dans un beau club comme Toulouse, qui est un club ami, et je lui souhaite le meilleur avec les Spacers.
Qu’est-ce qui vous a séduit justement dans le profil de Luc Marquet ?
Plusieurs raisons, d’abord Luc, comme Patrick Duflos, est un enfant de l’Arago où il a grandi comme joueur ce qui offre une totale garantie au niveau de son intégration au club et à la ville. Ensuite, c’est quelqu’un qui est parvenu à faire de Cannes, qui était outsider en début de saison, un champion de France.
Ensuite, il a une vision de ce qu’il reste à construire avec l’Arago totalement en phase avec le projet que je porte en tant que Président, c’est à dire faire grandir et fédérer l’ensemble des composantes du club qui est, je le rappelle, une association loi 1901. C’est à dire de continuer à professionnaliser le secteur pro avec le groupe élite et notre centre de formation, mais également contribuer à structurer l’ensemble du secteur amateur qui possède une dimension importante notamment au niveau social sur la ville de Sète.
Je résumerais que j’attends de Luc Marquet qu’il contribue à faire grandir notre club avec humanité et bienveillance.
Sur le plan sportif de l’équipe professionnelle, qu’elle sera la ligne de conduite ?
Sur le plan sportif, je souhaite que les joueurs se sentent bien à l’Arago, évidemment, parce que c’est quelque chose d’unique de pouvoir vivre à Sète, mais aussi par rapport au professionnalisme et au soutien que leur offrira la structure pour performer.
En contrepartie, j’attends d’eux une rigueur et une implication maximale et qu’ils redonnent sur le terrain tout ce qu’ils auront reçu autour.
Je crois en l’homme, j’ai toujours fonctionné comme cela dans mes entreprises et cela a bien marché. Je suis intimement persuadé que c’est ce modèle qui va permettre à l’Arago de franchir un pallier au niveau des résultats.
Concrètement, comment cela peut se traduire ?
Quand on arrivera en play-off en mars, qu’est ce qui peut faire la différence avec des clubs plus riches ? Ce ne seront pas le salaire ou les primes justement, mais l’excellence de l’environnement sportif et peut-être surtout, l’envie des joueurs de se battre pour les gens qui seront dans les tribunes, que ce soit leur famille, les membres du club, les supporters, toute cette dimension humaine qui aura été construite tout au long de l’année. Elle ne s’achète pas mais permet de renverser des montagnes.
Plus généralement, je veux une équipe capable d’être très performante dans toutes les compétitions dans lesquelles elle sera engagée.
Vous pouvez nous parler de l’équipe de ligue A de l’an prochain et de sa construction, maintenant que le nom des recrues sont connus ?
Je dirai que la nouvelle équipe illustrera ce projet sportif ambitieux avec un lien fort avec notre centre de formation.
Nous avons été capables de conserver tous nos jeunes joueurs, très sollicités par d’autres clubs. Je rappelle, par exemple, que Timo Bériot et Matthieu Garcia font partie de l’équipe de France A’. Cela est essentiel, à la fois pour l’état d’esprit « club » que l’on veut pour cette équipe, mais également pour la densité du groupe de Ligue A.
Après, l’équipe a été construite par Luc Marquet à la fois sur la base d’une ossature de joueurs déjà présents complétée de nouveaux qui ont été choisis sur deux critères principaux, la qualité sportive, mais aussi un état d’esprit qui correspond à nos valeurs humaines.
D’un point de vue technique, mais je pense que Luc en parlera mieux que moi, cette équipe devrait être très stable en réception afin de permettre à nos deux jeunes passeurs, Matthieu Garcia et Derek Epp de distribuer le jeu dans de bonnes conditions au centre et sur les bouts de filet.
Le groupe que nous avons constitué a la capacité de réaliser une très belle saison sportive.
Autre moment pas simple pour vous cette saison, ce fameux match 3 des play-off contre Narbonne, c’est quoi votre regard avec un gros mois de recul sur cette rencontre ?
Pour moi, c’est avant tout un énorme gâchis. Ce soir là, c’est un match important émotionnellement pour tout le club. C’est peut être la dernière fois que le public peut voir joueur son équipe, et il y avait un vrai lien entre les supporters et ce groupe et possiblement la dernière rencontre de Patrick Duflos au Barrou.
Mais, c’est également la soirée où l’on inaugure la première partie de notre mur historique, qui va retracer l’immense histoire du club depuis 1953 avec de nombreux anciens de cette époque présents.
Ce match 3 c’est aussi là rencontre où l’on rend hommage à Patrick Aquilina, un bénévole exceptionnel qui arrêtait à la fin de saison après avoir tenu pendant plus de 20 ans la buvette du club.
Résultat au lieu de vivre cette émotion en communion, ensemble après une magnifique victoire, on se retrouve avec cette histoire qui gâche totalement la soirée, et au niveau médiatique, on a rien évoqué de tous ces éléments qui pourtant offraient la possibilité de raconter de très belles histoires.
Pour parler de Narbonne, compte-tenu des relations très amicales que l’on entretenait entre nos deux clubs notamment sur la formation et le développement, je ne comprends pas la motivation d’aller porter plainte le lendemain au commissariat de Narbonne. On a fait notre mea culpa, on a eu une sanction de la Ligue, quel est donc l’intérêt d’aller porter en plus ce dossier au stade du pénal ?
Nous étions heureux pour les narbonnais qu’ils remportent la Challenge Cup, mais on n’a pas apprécié que ce club cherche à ternir l’image de l’institution Arago de Sète.
Revenons à des sujets plus positifs, Président Bilicki, toujours sur le bilan de la saison dernière, parmi les réussites, il y a le village Arago.
Oui, je crois que c’est une belle satisfaction, d’ailleurs lors de la réunion de bilan de la commission marketing de la Ligue, ce concept de village Arago a été considéré comme la réalisation la plus exemplaire et à notre suite, d’autres clubs ont repris l’idée en l’appelant même village. Cela illustre notre capacité à innover pour renforcer notre attractivité auprès de notre public et de nos partenaires malgré toutes les contraintes que l’on connaît autour de notre salle qui est la plus petite de Ligue A en capacité.
J’en profite d’ailleurs, en tant que Président, pour remercier tous ceux qui ont permis la mise en place de ce village et cette grande réussite.
Toujours, sur l’innovation et le développement, l’Arago s’est également développé sur les réseaux sociaux.
Oui, c’était une dimension sur laquelle on avait une marge d’amélioration et sur laquelle je voulais que l’on progresse rapidement. L’on s’est renforcé en interne au club pour mettre en place une vraie politique de développement à ce niveau avec des résultats spectaculaires puisque nous avons, par exemple, plus de 3200 abonnés sur l’application Instagram qui permet, notamment, de toucher un public jeune.
Cette structuration au niveau de notre communication numérique permet d’accroitre la notoriété de l’Arago et à travers le club, celle de la ville de Sète et du bassin de Thau.
Autre dimension essentielle pour le développement de l’Arago, la dimension économique, pouvez-vous nous parler du travail réalisé à ce niveau ?
Toute la saison dernière nous avons travaillé d’arrache-pied pour développer nos partenariats. Au final nous avons augmenté les recettes en partenariats privés de plus de 25 % ce qui est une très belle chose compte-tenu du contexte covid. Le club entreprise de l’Arago, ACE y a notamment bien contribué et j’invite vraiment toutes les entreprises qui souhaitent développer leur activité à se rapprocher de nous, car le club ACE est un formidable outil pour rencontrer les acteurs économiques du bassin de Thau.
Au final nous avons pu augmenter les moyens de l’ensemble du club grâce à l’apport des partenaires privés.
Je tiens à préciser d’ailleurs, que contrairement aux chiffres qui ont pu circuler, le vrai budget du club, ce n’est pas 2 millions d’euros mais 1 million 750, le reste étant de l’échange marchandise, et contrairement à ce qui a été publié, nous ne sommes pas le deuxième plus gros budget de Ligue A. D’ailleurs à mon sens, le vrai élément de comparaison est la masse salariale de l’équipe professionnelle et nous sommes 6eme de Ligue A. Évidemment, l’objectif est de continuer à progresser à ce niveau.
Autre sujet clef, la salle du Barrou, on entend circuler des rumeurs sur un projet d’extension, qu’en est-il ?
La réhabilitation de la salle Marty pour passer à 1500-2000 places est vitale pour permettre à l’Arago d’évoluer en Ligue A à court terme compte-tenu du cahier des charges de la Ligue à ce niveau.
Nous travaillons vraiment bien avec la ville de Sète, nous en sommes à l’avant-projet sommaire et on s’attelle à la tâche. Donc je confirme qu’il y a effectivement un projet d’extension de la Halle Louis Marty.
Mais ce n’est pas le seul projet immobilier structurant du club…
Effectivement, l’autre projet qui me tient à cœur, c’est de développer les structures du centre de formation. Pour cela, j’ai l’ambition de créer une maison du centre de formation qui permettra de loger nos jeunes mais aussi leurs parents quand ils viendront à Sète.
Nous sommes sur un projet d’achat de maison pas trop loin du Barrou pour en faire ce lieu de vie et qui permettra de rendre notre centre de formation plus performant et attractif.
La saison prochaine s’annonce donc particulièrement excitante ?
Oui, car nous avons pleins de belles choses à vivre niveau volley et autour. Par exemple, le mur historique qui sera présenté tout au long de la saison les soirs de rencontre et permettra de revivre les grands moments de notre belle histoire.
Nous allons essayer d’encore améliorer le village Arago et bien évidemment ce sera le retour de la Coupe d’Europe pour la première fois depuis 2016, avec ces matchs internationaux qui ont forcément un parfum très particulier, mais qui seront également un outil extraordinaire pour valoriser notre territoire et nos produits à l’international.
Enfin, je souhaite également que le club continue à progresser dans sa dimension sociale et environnementale.
Une chose est sûre, l’on va encore vibrer autour de l’Arago la saison qui vient !