A quelques heures de la dernière rencontre de saison régulière contre Poitiers, nous vous proposons de faire un tour d’horizon de l’actualité de l’équipe avec Baptiste Geiler, le capitaine sétois, mais aussi d’évoquer ses souvenirs sous le maillot maritime.
Bonjour Baptiste, avant tout, donne-nous des nouvelles de ta cheville.
Cela va mieux, ce n’est pas encore le top car elle est un peu gonflée mais j’ai repris doucement le volley avec l’équipe pro et le CFC. Ce n’est pas encore très joli à voir (rire) mais j’espère faire partie de l’effectif contre Poitiers. L’objectif c’est surtout de pouvoir revenir avant la coupe de France et les play-off.
Comment tu as vécu cette période, d’être dans la dernière ligne droite du championnat et devoir laisser ses partenaires, cela doit être frustrant ?
C’est toujours compliqué d’être en retrait de l’équipe, surtout durant une période où il y a eu pas mal de déplacements. Ils me disent que je leur manque donc ça fait plaisir, on discute beaucoup.
Cette situation m’apporte autre chose car cela me donne un regard un peu extérieur. J’ai envie d’échanger avec eux, de ce que j’ai vu à Tours, au Plessis, à Cambrai. C’est pas mal aussi, pour le groupe.
Tu es capitaine de l’Arago, tu étais capitaine à Chaumont. Comment appréhendes tu ce rôle de capitaine dans ce groupe où il y a pas mal de jeunes joueurs.
Ce rôle de capitaine, je l’ai vraiment découvert à Chaumont. Pour moi un capitaine doit faire ses preuves, montrer que tu es le leader, gérer les petits problèmes de chacun et faire le relai avec le coach, le staff, le président.
A Sète, je me sens bien, c’est un club que je connais bien, des dirigeants que je connais bien, un coach que je connais bien et forcément ce sont autant d’atouts pour jouer ce rôle.
L’équipe, elle m’aide aussi, on essaie vraiment de discuter et d’échanger sur ce qui va, va pas, ce que l’on peut faire pour aider Patrick, la relation avec le club.
A Sète, je me sens bien.
Tu as évoqué ta première époque à l’Arago, entre ton premier passage et aujourd’hui quel regard portes tu sur ces deux périodes à la fois comme joueur mais plus largement sur le fonctionnement du club ?
Pour moi, ce sont deux périodes complètement différentes.
A titre personnel, en 2009, j’avais 21 ans et j’étais un très jeune joueur. Je n’avais rien fait et l’Arago est le premier club qui m’a donné ma chance.
Là, je ne suis plus le même. Je suis père de famille, j’ai pas mal bourlingué, j’ai vu d’autres pays, d’autres championnats j’ai joué des coupes d’Europe, j’ai pris pas mal d’expérience. Je pense que plus jeune j’étais plus centré sur mon jeu personnel là je suis beaucoup plus ouvert sur l’équipe.
Et sur les structures ?
Elles ont beaucoup changé. En 2009 on allait faire la musculation à Clavel, maintenant elle est juste ici, la salle a été améliorée par exemple le sol est en taraflex ce qui est parfait pour le corps du volleyeur.
A tous les niveaux le club a su évoluer, même si c’est un club historique, il continue à s’adapter, c’est vraiment cool.
J’imagine qu’au niveau du staff, les choses elles aussi ont évolué.
Oui, au niveau du staff, il y avait juste un entraîneur avec son adjoint qui était le préparateur physique, là on a un préparateur attitré, il y a un manager au niveau du club. Et les préparations de match n’ont plus rien à voir.
Peux-tu nous en dire plus ?
Oui. Le travail tactique a beaucoup progressé avec le développement de la statistique. Je me souviens lors de ma première période, pour le travail vidéo, Patrick (Duflos ndlr) prenait un set de l’équipe adverse et nous l’analysait avec les angles d’attaques de façon générale. Maintenant on a tout, balles hautes, rapides, si le passeur avance, recule, on a vraiment beaucoup plus de détails sur les plans de jeu.
Après il faut les mettre en place car lorsque tu es sur le terrain avec la tension tu oublies parfois. Tu es encore à penser ce qui s’est passé au point d’avant, ce n’est pas facile. C’est pour cela qu’au sein de l’équipe, c’est super important de s’aider tout le temps et de se rappeler ces éléments.
Jeune j’étais plus centré sur mon jeu personnel, là je suis beaucoup plus ouvert sur l’équipe
On arrive en fin de saison régulière, quel regard portes tu sur votre parcours depuis le début de saison ?
En début de saison, plusieurs joueurs sont arrivés assez tard, comme Ryan, Ardo ou Moritz donc il nous a fallu nous régler même si on avait quand même une grosse base. Cela explique le début un peu difficile où on manquait de réglage mais dès que l’on a compris comment bien jouer ensemble, la machine s’est lancée, on est parvenu à remporter de très belles victoires, je pense, par exemple, à celle contre Tours au Barrou.
Après, il y a eu cette période où le covid nous a rattrapé, et comme beaucoup d’équipes, le niveau de jeu développé a été un peu moins bon. Il y a l’impact physique mais aussi mental qui se voit moins depuis l’extérieur. On se retrouve chez nous, enfermé, un peu malade, on se pose des questions. Par malchance, nous avons été touchés par cet autre virus. Contre Montpellier on aurait pu faire mieux mais on a manqué d’énergie physique et mentale.
Mais je ne suis pas inquiet, il nous reste ce dernier match de saison régulière contre Poitiers qu’il va falloir absolument gagner.
Finalement, peut-on espérer pour les play-off et la coupe de France que l’équipe retrouve le niveau de jeu impressionnant qui lui a permis de faire cette série de 10 victoires consécutives ?
Oui. Pour moi il y a quelques trucs à régler au niveau mental.
Il faut que je discute avec les joueurs car il y a une petite lassitude qui s’explique par le fait que l’on a commencé en août. Il faut qu’on se pose et qu’on repose les bases. On a une très belle équipe et quand on joue ensemble, nous sommes super forts et très peu d’équipes peuvent nous toucher. Mon rôle de capitaine cela va être ça, remobiliser l’équipe pour qu’on fasse de belles choses sur cette fin de saison et personnellement je suis certain qu’il y a de quoi faire. On peut vraiment aller chercher un titre.
Est-ce que les plus anciens vous vous dites, on est à l’Arago, il y a une belle équipe, il y a vraiment de quoi faire quelque chose de grand, c’est peut-être l’une des dernières occasions de vivre une très belle aventure et quelque part, est-ce que cela vous donne un surcroit de motivation par rapport à des joueurs plus jeunes ?
C’est sûr qu’à titre personnel, je n’ai jamais remporté de titre en France (Baptiste a toutefois été deux fois meilleur réceptionneur-attaquant de Ligue A ndlr), et j’ai vraiment envie d’en gagner un et cette saison, il y a une réelle opportunité de le faire. On a une équipe pour.
Je vais tout donner pour aller chercher un titre et l’équipe est dans le même état d’esprit.
Après, je ne crois pas qu’il y ait une différence entre les vieux et les jeunes. Tu sais, les jeunes ils ont les dents qui raclent le parquet donc je ne pense pas qu’ils soient les moins motivés. Ils peuvent en gagner après mais déjà si tu en gagnes un tôt c’est pas mal. J’aurais bien voulu en gagner un lors de ma première période sétoise (rire).
Mon rôle de capitaine cela va être ça, remobiliser l’équipe pour qu’on fasse de belles choses sur cette fin de saison
Ce que tu dis, Benjamin Toniutti dit exactement la même chose, c’est un peu un de ses regrets de ne pas être parvenu à remporter un titre avec l’Arago et matérialiser cette belle période par un titre qui marque l’histoire du club.
Oui, j’en ai déjà parlé avec Benjamin, cela aurait été top de pouvoir marquer l’histoire du club avec cette équipe-là grâce à un titre. C’est pour cela que j’ai vraiment envie de remporter un titre avec l’Arago, pour moi, ce serait effectivement exceptionnel.
Tu es un joueur très apprécié par le public sétois, peux-tu nous parler justement du public et des supporters de l’Arago ?
La première fois que j’ai découvert le Barrou, c’était comme spectateur pour la finale Sète – Cannes de 2005, le gymnase était blindé, tu avais les portes ouvertes, les gens debout de partout dans une ambiance de folie. Là je me suis wahou ! c’est ça que je veux vivre en étant sur le terrain. Et puis on a eu la chance de le vivre pendant quatre ans. Je me souviens, en play-off, le gymnase était plein une demie-heure avant la rencontre, quand on arrivait à la salle, le Barrou était déjà rempli avec les supporters qui t’accueillaient en chantant.
Je me souviens aussi des belles soirées passées avec le 7eme homme, c’était super sympa d’échanger et de rigoler avec eux. Je m’entends très bien avec les supporters, je les aime tous ! Ils sont super importants pour nous pousser sur le terrain et déstabiliser l’adversaire.
Dans le volley français tout le monde sait que c’est dur de joueur à Sète à cause de son public et ce n’est pas pour rien que les supporters s’appellent le 7eme homme !
#4. Baptiste Geiler
35 ans, 1m98, réceptionneur-attaquant
7eme saison avec l’Arago en deux passages
Baptiste Geiler est l’un des plus grands réceptionneur-attaquants français de sa génération. Très doué techniquement, ambidextre et doté d’une belle dimension physique, il a fait partie de cette exceptionnelle équipe de l’Arago qui a fasciné le volley français par son jeu ultra technique. Par la suite, il a évolué dans le plus grand club allemand Friedrichshafen avec qui il a remporté la Bundesliga et s’est imposé comme titulaire dans le championnat italien à Vibo Valentia.
Lors de son retour à l’Arago à 2019, il a contribué au spectaculaire redressement sportif de l’équipe cette saison là et a été l’un des artisans de l’invincibilité sétoise au Barrou en 2021.
– Trois fois demi finaliste du championnat de France avec l’Arago
– Deux fois meilleur réceptionneur-attaquant du championnat de France de volley (2013 avec l’Arago, 2018 avec Poitiers)
– Deux fois meilleur serveur du championnat d’Allemagne (2014 et 2015)
– 45 sélections en équipe de France avec qui il a remporté la médaille d’argent aux championnats d’Europe 2009.
Baptiste Geiler lors de son premier passage à l’Arago en 2013.
Baptiste Geiler avec Benjamin Toniutti deux joueurs majeurs d’une équipe de l’Arago qui aura marqué le public du Barrou sur la période 2009/2013.