Nous vous proposons de mieux découvrir notre capitaine Lisandro Zanotti. Son parcours dans le volley, ses souvenirs marquants et bien entendu nous lui reparlons du quart de finale de l’an passé où il avait affronté l’Arago avec Narbonne… et celui à venir contre Nantes-Rezé.
Lisandro, pour commencer, peux-tu nous dire quand et pourquoi tu as pratiqué le volley ?
J’ai commencé à pratiquer le volley-ball dans ma ville Cordoba à 14 ans à l’école où il y avait une section volley. Je pensais juste à m’amuser sans imaginer ce qu’est devenu le volley aujourd’hui pour moi. A cette époque je crois que je n’ai jamais raté un entraînement. J’ai même raté des anniversaires dans ma famille pour aller m’entraîner ce qui a créé quelques tensions (rires). Cela me plaisait tellement que je ne pouvais rien rater.
Tes débuts professionels en Argentine, cela se passe comment ?
La section de mon école qui a pour nom Trinitarios est devenue, ensuite, un club à part entière, j’ai poursuivi puis suis parti avec mon frère Valentin pour le club où nous avons signé notre premier contrat professionnel, Vélez Sarsfield, un club de Buenos Aires.
J’ai joué plusieurs années dans le championnat argentin. A cette époque, le championnat était vraiment compétitif et c’était une période où j’ai beaucoup appris de mes coéquipiers et de mes entraineurs.
Comme j’étais jeune, je n’étais pas toujours titulaire, mais j’apprenais à côtoyer des joueurs plus expérimentés, voir ce qu’il fallait améliorer pour justement devenir titulaire. Cela a été un très bon apprentissage jusqu’à ce que je devienne titulaire et les choses sont devenus plus simples. Mais au début, tu travailles beaucoup, tu n’as pas forcément les résultats, tu n’es pas titulaire, c’est un peu frustrant mais il faut continuer à travailler dur.
Ta première expérience à l’étranger se passe au Brésil.
Oui, c’était une belle opportunité de jouer dans un gros championnat comme la Superliga brésilienne et de découvrir quelque chose de nouveau. En vérité, je me suis vraiment bien senti tant sur le plan sportif que personnel et cette saison-là m’a ouvert les portes de la sélection argentine et du mondial 2018, mais aussi a permis de prouver que je pouvais évoluer à l’étranger et potentiellement en Europe. On peut dire que cette expérience au Brésil m’a ouvert les portes de l’Europe.
Pour un joueur argentin, jouer en Europe c’est quelque chose d’important ?
Oui. Personnellement quand je fais quelque chose, j’aime savoir que je suis vraiment bien préparé pour le faire et après cette année au Brésil et cette expérience en sélection quand j’ai reçu la proposition pour venir jouer à Narbonne, je ne me suis pas vraiment posé de question car je savais que j’étais prêt.
Avant de franchir le pas pour l’Europe, tu as justement cette expérience en sélection quels sont tes meilleurs souvenirs. Tu as évolué avec Maxi Gauna l’autre argentin de l’Arago cette saison ?
Non avec Maxi, on ne s’est pas beaucoup côtoyé en sélection. Lui a remporté les jeux pan américains (sorte de JO du continent américain ndlr) qui se sont disputés au Canada en 2015 et moi j’ai remporté ceux de 2019 qui se sont joués au Pérou.
Mon meilleur souvenir sont les championnats du monde 2018 en Italie / Bulgarie.
Pour nous les argentins, porter le maillot de notre pays c’est vraiment quelque chose de spécial et défendre nos couleurs durant un championnat du monde cela a été quelque chose d’extraordinaire.
Tu arrives donc à Narbonne en 2018. Quelles ont été tes impressions sur le championnat français justement.
C’est un championnat, je trouve, qui ressemble beaucoup au championnat argentin de quand j’étais plus jeune, très serré, très dense. Tu ne peux jamais te relâcher car tu affrontes tout le temps de bonnes équipes. Tout le monde peut vraiment battre tout le monde et tu dois vraiment être à 100%, sinon tu perds. C’est quelque chose finalement qui a du bon, car cela t’oblige vraiment à être à fond à chaque rencontre.
C’était donc aussi dur que ce que j’imaginais. Mais tant que tu ne le vis pas tu ne t’en rends pas compte.
Et le fait que Guillermo Falasca soit argentin d’origine a-t-il un lien avec ta venue à Narbonne ?
Je ne le connaissais pas personnellement mais il avait joué avec mon agent. Je pense que comme il cherchait un réceptionneur attaquant, mon agent lui a parlé de mon profil, voilà comment cela s’est fait.
Et à Narbonne quelle image tu avais de Sète ?
Je connaissais des joueurs argentins qui évoluaient à Sète comme Nico Mendez, Maxi Gauna et Maxi Chirivino. J’ai également côtoyé Rafa Redwitz qui connaît bien l’Arago. Jouer à Sète, c’était toujours difficile avec le public tout proche et je voyais l’Arago comme une équipe très forte sur ses rencontres à domicile.
Pour parler des rencontres à Sète, Lisandro, il y a ce match 3 des play-offs de l’an passé où tu es le capitaine de Narbonne et ce point où le ballon est touché par des personnes de la tribune VIP et avec lesquelles la tension monte. Pourtant, tu as déjà signé à l’Arago à ce moment-là, avec le recul peux-tu nous reparler de ce moment ?
Ah !!! Déjà, comme joueur à partir du moment où je suis sous contrat avec un club je défends à fond, jusqu’au dernier jour, son maillot, quel que soit le club que j’affronte.
Aujourd’hui, je suis à Sète et je donnerai tout pour les couleurs de Sète quel que soit l’adversaire, que ce soit des amis en face ou n’importe qui, cela n’a aucune importance.
Pour revenir au match que tu évoques, c’est le hasard que cela tombe contre Sète mon futur club.
Mais à ce moment-là, je suis joueur de Narbonne et leur capitaine, tu oublies qui tu as en face et tu défends tes couleurs dans ce match très important des play-offs contre l’Arago. C’était une réaction sur le moment dans le contexte de tension très forte de la rencontre avec la frustration liée au fait que l’Arago nous dominait, il faut le reconnaître.
Mais évidemment, il n’y avait rien de personnel contre quiconque.
Justement tu quittes Narbonne pour l’Arago, comment s’est faite ta venue ?
Je connaissais la valeur de Luc (Marquet) comme entraîneur et ses ambitions. Quand Luc m’a contacté, il m’a dit qu’il était là pour un projet sur plusieurs saisons, et cela m’a vraiment séduit.
Cette dimension projet m’a vraiment plu, comme ce que j’avais pu connaître avec Narbonne quand j’y suis arrivé.
Je n’ai plus 20 ans pour faire une année par ici et une année par là. Là, vraiment ce qui est intéressant, c’est que nous sommes dans un projet pour construire quelque chose et faire grandir le club.
Je savais que le centre de formation de l’Arago était très fort, l’un de meilleurs, avec des joueurs à gros potentiel, les jeunes de Narbonne m’en avaient parlé. Et cela m’a intéressé, cette dimension de pouvoir aussi apporter à des jeunes.
La vie au club et à Sète, cela se passe comment ?
Je dois l’avouer, la ville de Sète me plait énormément. Je n’aime pas trop rester chez moi, j’aime bien sortir. Dans ma ville à Cordoba, tout est à côté et je retrouve cela à Sète. Tu vas t’entraîner, tu vas prendre un maté à la plage, tu vas faire un tour en ville, tout est à côté. Ces choses peuvent paraître du détail, mais vraiment, cela me plait de profiter de ce temps libre de cette tranquillité.
Et à Sète il y a des endroits qui te plaisent particulièrement ?
Le centre-ville avec les bars les commerces, c’est très joli et j’apprécie, mais vraiment aller prendre un maté à la plage, cela me détend et me permet de décompresser du volley.
Ta relation avec les supporters et plus largement le public à Sète après quasi une saison ici. Comment tu le vis dans un club où les supporters ont la réputation d’être très proches de nos joueurs.
En vérité très bien. Evidemment, au début, il y avait quelques questions de mon côté sur la façon dont j’allais être accueilli, ce qui était un peu normal après les évènements de la fin de saison dernière.
Je pense qu’au début, de leur côté c’était voyons comment il est et si cela se passe bien on le traitera bien (rires).
Non mais très bien, ici, durant les matchs on sent l’appui du public et cela nous aide énormément cette énergie positive qu’ils nous transmettent.
Tous les jours des gens viennent nous voir à l’entraînement. Vraiment c’est super.
Le club ici est très familial, il y a beaucoup de gens qui s’identifient très fortement à l’équipe et notre devoir c’est vraiment de leur donner le maximum à chaque rencontre. Des fois cela se passe bien, des fois non, c’est le sport, mais toujours donner le maximum pour l’équipe et tous ces gens qui viennent nous encourager.
Comment tu analyses la saison régulière ?
Pas évident de te donner une analyse en quelques mots. Les matchs aller ont été mauvais, nous n’avons pas été bons, et il y a eu un peu de doute car nous n’avions pas le niveau que nous ambitionnions d’avoir comme équipe. Et puis, il y a eu cette petite trêve de Noël et ce match à l’extérieur à Tourcoing que l’on gagne 3-0. Là on s’est dit, c’est ça notre vrai niveau ! Et sur la phase retour, cela a été très bon en jouant bien, ce que nous savons réellement faire.
Donc, c’est une saison régulière finalement très contrastée entre la phase aller et la phase retour. On a donné l’image quasiment d’être deux équipes différentes mais avec les mêmes joueurs !
Comment tu abordes ton rôle de capitaine ?
Le capitaine peut jouer un rôle important quand il se passe quelque chose, mais dans cette équipe on a beaucoup de joueurs d’expérience comme Ardo (Kreek), Maxi (Gauna), Kyle (Russell). Et ceux qui ont moins d’expérience connaissent vraiment bien le club, comme Matthieu (Garcia), Tom (Picard), Romain (Devèze). Donc, je ne me sens au-dessus de personne. C’est moi qui ai la barrette de capitaine sur le maillot, mais en fait dans l’équipe il y a beaucoup de capitaines. Il n’y a vraiment pas beaucoup à dire, car ce qu’il y a à dire on se le dit collectivement, ou par un regard et on se comprend. C’est très beau, pour moi, d’être le capitaine de l’Arago, mais ce n’est pas quelque chose d’essentiel.
Ton jeu n’est pas spectaculaire, mais à chaque fois tu fais le point, Lisandro, donne nous un peu tes trucs lorsque tu attaques dans ton style assez unique.
Je vais pas t’en dire trop avant ces quarts de finale pour que les nantais n’en savent pas trop sur mon jeu (rires).
Non plus sérieusement, je n’ai jamais été un joueur très physique, il a donc fallu que je travaille énormément sur ma technique et notamment sur cette capacité à faire la différence grâce à cela.
Parfois on me dit que j’ai eu de la chance de passer entre les blockeurs par exemple, mais non, ce n’est pas de la chance, c’est que j’ai vu qu’il y avait un trou et que je pouvais passer. C’est une de mes caractéristiques, j’ai ce coup d’œil qui me permet d’analyser ce que j’ai en face de moi avant de choisir mon attaque.
Bon cela ne réussit pas toujours, si c’était le cas, je jouerai en championnat russe (rires)
Mais c’est une de mes qualités de parvenir à analyser rapidement l’adversaire, est ce que les centraux sont bien placés pour attaquer en force ou plus en finesse.
C’est aussi l’expérience ?
Oui l’expérience t’aide mais j’ai toujours été un joueur plus technique que physique.
Le début de la confrontation contre Nantes c’est ce week-end, la clef contre Nantes c’est d’arriver à être performant chez eux ?
Oui, tu as raison. Mais ce que je ressens c’est que l’on a surtout très envie de passer ce quart de finale.
Personnellement j’ai clairement envie de jouer une demi-finale cette saison.
Cela n’a pas été possible pour l’Arago l’an passé, donc cela permettrait de franchir un cap. En saison régulière, notre 7eme place est surtout due à cette mauvaise première phase, sinon on aurait terminé nettement plus haut.
Donc je sens l’équipe est en confiance, prête pour affronter ce quart de finale et se battre. On va se battre à fond, c’est certain.